Mathieu Maynadier à la conquête de la face Sud du Meru en Inde

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2023-10-09 18:35:44

Mathieu Maynadier à la conquête de la face Sud du Meru en Inde


Au printemps dernier, le célèbre alpiniste français et athlète Arkose, Mathieu Maynadier, s'est lancé dans une aventure extraordinaire en Inde : la conquête de la face sud du Meru, accompagné par ses compagnons de cordée Roger Schali et Simon Gietl.


Le Meru, situé dans le Garhwal en Inde, est bien plus qu'un simple sommet. Il a acquis une renommée internationale grâce à l'ascension héroïque du Shark Fin, une antécime du Meru, par des grimpeurs américains. Toutefois, la face sud du Meru demeurait une énigme non résolue, une toile vierge de toute ascension.

Avant d'entamer notre périple, nous avons rejoint en deux jours de marche le camp de base à Tapovan, haut lieu sacré de la spiritualité indienne. Selon les croyances Indou, le Shivling serait une représentation de Shiva. Pour cela que cette vallée regorge de "baba". 

Nous avons ressenti une connexion unique avec l'âme de ce lieu.

Avec le baba de Tapovan, 7 ans de méditation

Trois années auparavant, Roger, Sean Villanueva et moi-même avions entrepris cette même aventure. Cependant, la météo instable nous avait forcés à abandonner notre tentative après une retraite épique.

Réveil difficile lors de la première tentative

Cette année, avec Sean engagé dans une expédition au Groenland, Simon Gietl, un grimpeur italien du Sud Tyrol, a rejoint notre équipe. Le talentueux photographe Daniel Hug a également été de la partie. Nous étions prêts pour une aventure épique. Contrairement à notre première tentative en septembre après la mousson, nous avons choisi le mois de mai pour notre nouvel essai afin de bénéficier des conditions idéales pour le ski entre le camp de base et la face du Meru. Cette décision s'est avérée cruciale pour notre mobilité sur le terrain.

 

l’approche du camp de base avec les porteurs

L'acclimatation en altitude est une étape incontournable, pour laisser le temps au corps de s’adapter, mais cette fois-ci, elle s'est déroulée sous des conditions climatiques capricieuses très instables. La région a connu peu de journée sans neige et violents orages fréquents, un rappel des bouleversements climatiques qui secouent l'Himalaya. Pour atteindre la face sud du Meru, nous avons dû traverser un long glacier plat, suivi d'un labyrinthe de crevasses profondes afin de rejoindre le col à 5500 mètres, marquant le début de la voie, qui se méritait après une longue ascension.

 

durant l’approche du camp 2

Nous avons consacré près de dix jours à la mise en place de deux camps et au transport de tout l'équipement nécessaire. Une fois prêts, nous n'attendions plus que la fenêtre météo parfaite pour nous lancer.

le camp 2 à 5800m

Après plusieurs jours d'attente, une fenêtre semble se dessiner pour tenter notre chance  pour 4 jours d’ascension. Cependant, une épreuve nous attendait. Une maladie, probablement due à la qualité de l'eau altérée par l'afflux de touristes à Tapovan, m'a frappé. Mon corps épuisé a mis près de huit heures pour atteindre le camp, où le doute a commencé à s'immiscer. Heureusement, le soutien inébranlable de Roger et Simon a fait toute la différence.

 

En PLS au camp 2 espérant guérir

Après une nuit agitée, je me prépare à partir avec Roger et Simon. Cependant, il devient évident que je ne serai pas en mesure de le faire. J'ai passé la nuit sans dormir et je n'ai rien mangé, rendant impossible mon départ. Après grande réflexion, nous prenons la décision de repousser notre tentative de 24 heures. Pendant ce temps, je retourne me coucher tandis que Simon et Roger se lancent courageusement dans les pentes enneigées pour créer une trace et déposer notre équipement aux abords des zones difficiles. Quelques heures plus tard, ils reviennent ravis, annonçant que les conditions de grimpe s'annoncent excellentes. De mon côté, je me remets doucement en espérant que ma condition s'améliorera...

Après un rétablissement progressif qui a duré près de 48 heures à 5800 mètres d'altitude, j'ai finalement repris des forces. À 4 heures du matin, nous étions prêts à partir dans le froid mordant. Bien que je ne sois pas à 100 % de ma forme, la trace laissée la veille par mes amis a grandement facilité notre progression.

 

Nous avons rapidement atteint le pied des premières difficultés, avec du mixte raide sur un rocher parfait. 

La grimpe était raide et exaltante, avec des protections solides et des longueurs mythiques inoubliables !!


Nous avons finalement atteint le point le plus élevé que nous avions atteint lors de notre première tentative, mais cette fois-ci les dalles sont recouvertes de juste assez de neige pour nous permettre de progresser.. Malgré quelques passages délicats, nous avons persévéré et vers 20h nous sommes au pied du dernier bastion.

L'impossibilité de bivouaquer nous a contraints à changer de plans en pleine nuit. Roger, bravant l'obscurité, s'engage dans une section abrupte dans l'espoir d'atteindre un imposant surplomb de neige, situé à une trentaine de mètres au-dessus de nous. À notre grand soulagement, il réussit, nous permettant enfin de monter notre tente et de nous effondrer de fatigue. Près de 20 heures se sont écoulées depuis notre départ, et nous sommes complètement épuisés. Le froid intense nous glace, le gaz peine à s'enflammer, et la fonte de la neige est laborieuse. Je me souviens avoir remis en question ma présence en ce lieu ce jour-là.

Après une nuit courte où personne n'a vraiment trouvé le sommeil, le jour se lève, dévoilant le dernier crux qui nous préoccupait depuis des semaines. Depuis notre point de départ, il est difficile de se faire une idée précise de la situation, car la paroi est extrêmement raide, avec un immense surplomb obstruant le passage des bouchons de neige. Autant dire que cela risque de nous prendre un certain temps.

Depuis notre emplacement de bivouac, nous apercevons une vire marquant le début de la voie, une longueur qui s'annonce légendaire. La décision est prise : Simon prendra en charge cette ascension, ayant laissé à Roger et moi le privilège de grimper les magnifiques longueurs la veille. Cependant, avant d'entamer cette longueur tant attendue, il nous faut d'abord rejoindre son point de départ, ce qui s'avère moins réjouissant.

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Je m'engage donc dans un dièdre qui se termine en une section sans prises, où je mets du temps à trouver la solution, encore un peu épuisé par les événements de la veille. J'atteins finalement le fameux bouchon de neige que je pensais devoir contourner en artificiel. Mais au moment où je commence à élaborer une stratégie mentale, je remarque un petit trou sur ma droite dans la masse de neige.

Je creuse, et c'est finalement un tunnel que je découvre. Alors que je m'attendais à passer des heures à faire de l’artificiel, je parviens en quelques minutes à rejoindre cette fameuse vire, qui nous ouvre l’accès à la sortie de la face.

C'est un moment irréel, suspendu dans ce tunnel de glace en pleine paroi. Simon prend alors les devants pour cette dernière longueur, qui nous mène au pied de l'arête sommitale.


Après des heures de grimpe acharnée, nous avons enfin atteint le sommet à 9 heures du matin. La descente est soigneusement orchestrée par Roger et en fin d'après-midi, nous retrouvons Daniel Hug  notre photographe resté seul à la rimaye, dans l'attente d’ immortaliser notre réussite.

 

À mesure que la neige s'intensifiait, il était temps de rentrer. Nous avons tout rangé et atteint le camp de base vers 18 heures, où une fête mémorable nous attendait avec l'équipe qui nous avait aidé et soutenu pendant trois semaines.

Au-delà du sommet, cette expédition a été une véritable révélation. Elle a rassemblé tous les ingrédients d'un voyage réussi : une équipe solide, des conditions climatiques favorables et une grimpe de qualité... Cet accomplissement renforce notre désir de repartir pour de nouvelles aventures, une odyssée verticale qui nous donne envie de repartir au plus vite !!

  

Ce récit captivant retrace notre périple pour conquérir la face sud du Meru, une aventure parrainée par Arkose, qui incarne notre passion pour l'alpinisme et notre quête infatigable de nouveaux sommets.

 


FIN






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