Le confinement au vert de Mathieu Maynadier
Un automne dans le Verdon.
Découvrez le récit de Mathieu Maynadier. À la lecture de celui-ci une envie de partir se fera sûrement sentir, on vous aura prévenus !
Octobre 2020.
Après plusieurs mois plutôt au ralenti, l’automne arrive et je vais enfin pouvoir grimper à nouveau. J’ai effectué une dernière séance de rééducation en septembre et je vais enfin pouvoir profiter. Après 5 mois à ne rien faire d’autre que soigner cette cheville récalcitrante, une petite pause s’impose.
Cette année pas d’expédition, le projet que nous avions au Népal est décalé d’un an, et vu que ma cheville n’est pas complètement remise ce sera donc escalade dans le Verdon. Grâce au programme d’entrainement de mon coach privé, Melissa Le Nevé, je devrais être en forme.
Ça fait longtemps que je veux passer un automne dans le Verdon. Pour moi la zone entre Moustier Sainte-Marie et Castellane est probablement la zone la plus riche de France en termes de quantité et de qualité.
On y trouve de tout, des grandes voies dans les célèbres gouttes d’eau de l’escale aux couennes interminables de la Ramirole le terrain de jeu est immense et le potentiel futur encore plus grand. Et puis je ne comprendrais jamais pourquoi, mais c’est aussi ce qui fait son charme le Verdon est toujours « calme » loin des foules de certaines falaises du sud de la France.
On grimpe donc un peu partout, d’abord à la Ramirole parce que c’est probablement la fin de la saison pour cette falaise plutôt « été ».
On y croise du beau monde, coucou Hugo Parmentier qui grimpe dur dans son projet !
Quelques grandes voies dans les gorges un peu de couennes autour de la Palud bref les vacances vont bon train.
Et puis la nouvelle tombe, un deuxième confinement est annoncé.. Nous n’en connaissons pas encore la teneur mais cette fois-ci pas questions de retourner s’enfermer à Chamonix. Il fait beau les jours sont encore longs et même si l’escalade est interdite, on préfère rester dans la nature.
Nous cherchons donc un endroit où nous pourrons rester sans gêner personne et éventuellement pas trop loin d’une falaise si l’escalade est autorisée. (À ce moment-là, des rumeurs circulaient déjà disant que les « pros » auraient le droit de grimper). Nous contactons donc le camping du Mont Denier sur le plateau de Moustier Sainte-Marie.
C’est un endroit magique situé loin de tout ou l’on pourra tranquillement prendre le temps de vivre et attendre la fin de cette période un peu bizarre …
Normalement le camping est fermé mais il accepte de nous laisser installer nos vans sur son champ, et c’est là que nous faisons la rencontre de Georges, propriétaire du camping. Georges 72 ans est le genre de personne qui fait du bien !!
Georges est né sur ce plateau et n’en à bouger que pour des nombreux voyages qu’il à fait partout dans le monde. Avec son épouse à la retraite, ils vivent là toute l’année loin de tout mais proches de la nature. Georges à construit son camping tout seul : des murs de pierres immenses des « Bories » (abris en pierres sèches utilisées par les bergers autrefois) et il aime nous en raconter l’histoire.
Et puis Georges sait tout faire : du miel, de la lavande, de l’argile … Pendant un mois, c’est un retour à l’essentiel, on apprend à se connecter un peu avec la nature. Ici pas de réseaux, pas d’internet, on est coupé du monde et de toutes les nouvelles anxiogènes !! Georges et sa femme connaissent la terre entière comme beaucoup de gens rencontrés lors de mes voyages. Je suis surpris par l’ouverture sur le monde de ce couple qui vis loin de tout ! Ça donne à réfléchir …
Rapidement l’autorisation de pratiquer est confirmée pour les pros nous pouvons donc grimper à la falaise située à proximité du camping. Et je vais pas vous mentir on en à profiter à fond !!
Pendant trois semaines nous ne toucherons plus à nos véhicules, et nous nous rendrons à pieds jusqu’à la falaise. Chaque soir le retour nous offre des coucher de soleil magiques, bref on est bien !!
Et cerise sur le gâteau, on peut voler ! Le Mont Denier est un spot connu de parapente qui nous accueille en fin de journée.
En quarante cinq minutes de marche on peu faire un super « plouf » au coucher du soleil.
Au bout de trois semaines, on pousse un peu plus loin vers les gorges et les grandes voies. Initialement mon projet était de grimper « Tom et je ris » la ligne mythique, mais personne n’est très motivé pour m’accompagner. Ce sera donc sur le bleu des gorges que nous passerons notre dernière semaine.
Nous sommes rejoint par Nina Caprez bien remontée, et ensemble on profite d’une journée parfaite pour grimper « Claudia » une ligne magique de 50 m en dernières longueurs…Ambiance garantie.
Bien conscient d’être totalement privilégiés, ce deuxième confinement nous aura de réaliser que l’on n’a pas toujours besoin de bouger sans cesse et d’aller au bout du monde pour passer de bons moments, faire de belles rencontres, et profiter !
Maintenant l’hiver semble enfin vouloir pointer le bout de son nez et même si les stations de skis vont rester fermées pour le moment il reste des tonnes de choses à faire pour profiter encore de la magie des montagnes.